Il a fallu une pandémie pour mettre en évidence, de manière terriblement claire, les risques et les coûts très réels de l’externalisation de la fabrication vers la Chine. Au plus fort de la crise du Covid-19, cette dernière n’a pas hésité à tirer parti de sa position dominante dans la fabrication d’équipements médicaux pour obtenir un avantage géopolitique et être exonérée de toute responsabilité. Cette grave asymétrie dans les relations entre la Chine et l’Occident n’est peut-être devenue apparente que récemment, mais elle se prépare depuis deux décennies.
Les décideurs occidentaux ont vu dans le lancement de relations économiques avec la Chine un moyen de l’éloigner de la planification étatique et de l’orienter vers les principes de l’économie de marché. Le lobby des sociétés multinationales a exercé une forte pression pour faire tomber les barrières commerciales, considérant l’énorme population chinoise comme un marché de consommation à pénétrer et un marché du travail à exploiter.
Cette politique était cependant fort peu judicieuse. La Chine a rejoint le système économique mondial avec des coûts d’investissement attrayants et une population urbanisée d’un milliard de personnes prêtes à travailler pour des salaires représentant en moyenne 1/30 de ceux pratiqués dans les pays développés.
En conséquence, le pays s’est taillé une position dominante en tant que premier exportateur – à hauteur de 2 900 milliards de dollars américains en 2018 (environ 2 785 milliards d’euros) ; – et premier fabricant au monde – 25 % de la fabrication mondiale.
Pertes d’emploi et stagnation des salaires
Incapable de rivaliser avec les faibles coûts de main-d’œuvre et les normes environnementales de la Chine, l’Occident a subi des pertes d’emploi et une stagnation des salaires.
En outre, le contrôle strict des capitaux et des importations, par un Parti communiste toujours puissant, a eu un effet désinflationniste qui a rendu la viabilité de la dette plus difficile en Occident. Le renforcement de la puissance de feu économique de la Chine est le principal moteur du déclin de la part de l’Union européenne (UE) dans l’industrie manufacturière mondiale, et son impact est particulièrement marqué dans le cas de la France.
Historiquement, la France a été parmi les premières puissances occidentales à établir des partenariats économiques avec la Chine, avec notamment une coopération dans le domaine de l’énergie nucléaire. En 2019, elle a cependant enregistré un déficit commercial de 33 milliards d’euros avec la Chine – le plus grand enregistré avec l’un de ses partenaires commerciaux.
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