Livre Un peu de beauté dans le monde du travail

Dans son nouvel ouvrage, Jean-Philippe Bouilloud plaide pour que la préoccupation esthétique soit aussi un impératif éthique dans le travail, qui occupe une part centrale dans nos vies.

Dans Pouvoir faire un beau travail : Une revendication professionnelle, Jean-Philippe Bouilloud part du constat suivant : « Le travail occupe une part centrale dans nos vies modernes. Or bien que capitale, sa dimension esthétique est souvent négligée. Pourtant nous avons besoin de pouvoir faire du beau travail, du travail bien fait, d’avoir de bonnes relations de travail, de travailler dans un cadre acceptable, etc. » C’est d’après lui une revendication professionnelle légitime pour chacun, et ce qui concerne le beau devient une obligation morale pour le dirigeant, un impératif.

Une dimension non-négligeable du travail

Pour Jean-Philippe Bouilloud, le beau est tout d’abord une des dimensions du travail, négligée et peu abordée dans la recherche, mais réelle : de l’artisan à l’infirmière, du maçon au cadre, la notion de beau travail, de travail bien fait, de belles relations de travail ou de beaux lieux de travail affleure dans tous les récits.
 
Ensuite, le travail bien fait est un support d’identité, il constitue un motif de fierté et une source de satisfactions sociales, que l’on soit bon élève, artisan, universitaire ou chirurgien. Pouvoir faire un beau travail est donc important pour l’estime de soi, quelle que soit la nature de notre travail.
 
Cela contribue à donner sens au travail. Inversement, ceux qui ne peuvent faire un « beau travail » peuvent se trouver dans une situation de « souffrance esthétique », quand ils sont obligés, malgré eux, de travailler de façon insatisfaisante pour des raisons d’économie ou de pression du temps. 

 

La préoccupation esthétique doit aussi être un impératif éthique, une catégorie morale pleinement reconnue, car elle concerne chacun dans l’univers du travail.

Le « beau travail » apparaît donc comme un lieu de résistance face à la pression managériale, une revendication professionnelle qui irrigue l’ensemble du monde du travail.
 
« Les grandes organisations ne peuvent plus agir sans se préoccuper de leur environnement matériel et humain, comme elles ont pu le faire dans le passé, écrit Jean-Philippe Bouilloud en conclusion. La préoccupation esthétique doit aussi être un impératif éthique, une catégorie morale pleinement reconnue, car elle concerne chacun dans l’univers du travail. Le beau est un droit moral ».
 

AUTEUR


Jean-Philippe Bouilloud - ESCP Business School Jean-Philippe Bouilloud Professeur d'organisation et de sociologie des sciences à ESCP Business School

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